stray-bullets

Blam, Bang, Boom !

Jeudi 31 mars 2011 à 23:01



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Il y a deux choses qui m'énervent plus que tout quand je parle cinéma avec quelqu'un. La première, c'est le snobisme, l'intellectualisme faisandé de la critique pourri, malheureusement une pratique courante chez certains blogueurs (mais ils ne sont pas les seuls, ma classe en est remplie) qui estiment avoir le droit, du haut de leur petite culture de cracher sur le travail des réalisateurs, des scénaristes, des acteurs et j'en passe, alors qu'ils n'ont pas eux-mêmes le moindre talent ni le moindre savoir technique pour regarder de haut le travail de ces gens-là. Qu'on n'aime pas un film, soit, c'est un fait, même s'il y a de bonnes et de mauvaises raisons (par exemple, dire d'un Rambo "La violence est inutile", c'est une mauvaise raison, comme dire d'une comédie musicale "Y a trop de musiques"... mais ça c'est mon deuxième point alors vous irez voir plus bas !), mais critiquer de manière condescendante, voire carrément méprisante, mais sérieux les mecs, faut arrêter ! Avant de dire "Bah, c'est de la merde", comme pour les aliments, vous dites "Je n'aime pas", pour telle ou telle raison après tout, le cinéma, comme tout art, est soumis à la sensibilité personnelle de chacun.http://stray-bullets.cowblog.fr/images/2000000000000pe2.jpg



La critique a dit de telles conneries sur certains films ou certains acteurs qu'elle est directement responsable de leur "cataloguisation" ; certains, en cherchant à y échapper, ont bien failli s'y brûler les ailes (Stallone, pour ne citer que lui, est revenu de loin après ses tentatives dans la comédie - mais, considéré comme has been, il a fallu qu'il se batte pour revenir à ses mythes fondateurs). Il y a des sujets alléchants pour la critique : je suppose qu'un direct-to-dvd de Steven Seagal ne doit plus faire bander les milliers de journalistes coincés qui sont incapables de se dire qu'un film peut être fun, décomplexé, violent, pour le plaisir du bourrinage pur et dur. Mais des petits films de genre français dont les réalisateurs se démènent comme des beaux diables pour avoir un nombre décent de copies, ça oui, ça c'est bien, ça fait couler de l'encre, ça hérisse le poil des bien-pensants, et ça permet de garder clean la production française (quoique tout doucement, ils ont du mal \o/). Bref, autant dire qu'on a pas fini, nous autres, ardents défenseurs de la cause bourrine ou simplement divertissante, qui croyons en la diversité du cinéma et qui savons donner leur chance à tous les types de productions, face aux Club des Balais Coincés dans le Derrière, de nous battre contre des moulins à vent, Don Quichotte modernes parfois bien seuls !








Le deuxième truc qui a l'art de me faire partir en pétard, c'est "Pfff, toute cette violence est inutile". C'est le cas de mon cher paternel. Je prends l'exemple le plus récent, car ce débat entre nous n'est pas nouveau, depuis ma Seconde, époque à laquelle je suis sortie de la surprotection médiatique, et où j'ai appris en deux mois à quel point le cinéma pouvait être violent. Je lui ai donc vanté John Rambo, de Sylvester Stallone, qui m'a foutu une très grosse claque que j'avais envie de partager avec un maximum de monde (d'où ma critique élogieuse à son endroit). Et le week-end dernier, j'ai pu le lui faire visionner, à lui et à ma mère également. Je ne m'attendais pas à ce que ce type de violence le dérange, parce que s'il déteste ouvertement Quentin Tarantino pour sa capacité à tourner la violence en dérision, et à en faire tellement que cela devient archi-rock'n'roll, dans un film comme John Rambo, qui ne cache pas son penchant pour les codes du film de guerre, je la percevais comme conditionnée par le genre lui-même, à savoir qu'il me paraissait incontournable que dans un Rambo, les têtes et les tripes ne volent pas, et que les scènes de massacre ne nous serait pas épargnées, de la même manière que dans Il faut sauver le Soldat Ryan, la scène du débarquement se devait d'être une boucherie innomable. Vous imaginez une comédie musicale sans chorégraphies ? Bah moi non plus. Et je n'imagine pas un film dont le scénario prend pied http://stray-bullets.cowblog.fr/images/1028rambo.jpgdans un contexte de génocide (puisqu'il est présenté comme tel dans le film) sans atrocités - dépeintes avec crudité certes, bien que sans complaisance aucune. Bref, autant vous dire que quand il m'a sorti le coup du "La violence du film est inutile", j'ai viré au rouge vif. Mais il est fallait plus pour me faire sortir de mes gonds, puisqu'à force, j'avais pris l'habitude de ce genre de critiques... Non, ce qui m'a définitivement fait halluciner, c'est le "D'ailleurs, là, pour le coup, elle est surtout commerciale". La bonne blague. Autant dans les bouses intergalactiques qu'ont constituées les derniers Saw (à partir du III, en fait, parce que le I est génialissime et le II est passable), oui, la violence est commerciale - le but étant de montrer un maximum d'atrocités pour un minimum de scénario (et donc de temps sur la péloche) - mais dans John Rambo, non, certainement que non ! Tout comme dans Martyrs, de Pascal Laugier (si comparaison est possible, parce que la violence de Martyrs est autrement plus insoutenable et dans un genre totalement différent) par ailleurs, qui a soulevé des polémiques incroyables lors de sa sortie (et même avant, compte-tenu du débat à propos de sa censure aux moins de 18 ans), la violence dans ce genre de film n'a pas d'autre but que de soulever le dégoût, la répulsion. Les scènes de massacres de John Rambo, les tueries d'enfants, les exécutions sommaires, les viols, et j'en passe, n'ont pas d'autres visées que d'intégrer l'histoire du film à son contexte choisi, et avec une mise en scène adaptée avec les codes appropriés, allant parfois jusqu'à la dénonciation, même si John Rambo n'a pas vocation à être simplement un plaidoyer humaniste, mais un bon film d'action old-school. Et quand mon père me sort que le premier Rambo était moins violent... Mais bordel de Dieu, la scène de torture, les boucheries du Vietnam, vous avez déjà oublié ? Certes, ils n'avaient pas les mêmes moyens techniques, n'empêche que le film n'y allait pas non plus avec une demie-molle ! Et puis oui, pourquoi avoir honte de l'avouer, la fin ultra-violente de John Rambo, où tous ces encu*** prennent cher dans leurs gueules, et où le vrai méchant du film se retrouve les tripes à l'air, j'ai trouvé ça jouissif. Il y a quelque chose de la catharsis grecque dans ces films - poussée à l'extrême dans certains, certes - mais après tout, dans tous les films où le méchant est puni à la fin, qu'on voit ses tripes ou non, il y a purgation, soulagement. Tas de petits génies qui vous levez sur vos sièges en hurlant au scandale, souvenez-vous que les Romains et les Grecs ont mis cela en évidence bien avant nous, et que vous n'y échappez pas non plus.

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Bref, comme dans les jeux vidéo, la violence au cinéma pose problème. Je n'ai aucun problème avec, personnellement, quand elle est bien utilisée, ou justifiée par le genre ou le scénario, même si je reconnais qu'elle peut rebuter certains (pour des raisons de sensibilité, j'entends). Mais de là à faire appel à la censure à tout va, au nom de la sauvegarde de l'innocence de nos charmantes têtes blondes... Avant d'aller hurler au scandale quand le moindre film un peu violent rencontre le succès, chers spectateurs, allumez simplement votre télé à 20 heures sur TF1. J'y ai personnellement vu, il n'y a pas si longtemps, la vidéo en direct d'un soldat américain sautant sur une mine antipersonnelle à un mètre de la caméra. Quand on pense que cette même chaîne refuse de manière systématique de produire ou de diffuser des films de genre français, on est en droit de penser que quelque chose d'ironiquement cruel se joue.
 



Dimanche 27 mars 2011 à 22:20




The Descent
Sorti au cinéma le 12 octobre 2005
De Neil Marshall.
Avec Natalie Jackson Mendoza, Shauna Macdonald...
Interdit aux moins de 16 ans.

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On s'attaque à un film qui vous fera réfléchir à deux fois avant d'aller suivre votre copine dans une expédition de spéléologie ! Car The Descent n'a d'autre but que de dézinguer joyeusement son casting dans les profondeurs de la terre. Jouant sur une peur inconsciente, celle du noir, et donc de l'inconnu, le film nous plonge dans un univers de ténèbres propice à la surprise.

Le spectateur ira de sursaut en sursaut, d'autant que l'action est très lente au début, et que l'effet de retardement accentue le suspense insoutenable, à savoir : que va-t-il arriver à notre joyeuse équipe de têtes brûlées ? Pourtant pas extrêmement original dans son idée de départ, The Descent réussit pourtant le tour de force de présenter une mise en scène des plus surprenantes : en effet, les cadrages sont toujours très très resserrés, avec un gros jeu sur le hors-champ et l'arrière-plan aussi, un gros boulot sur le son (même si les bruits des "créatures" se rapprochent un peu trop du crapaud parfois). Du gore, oui, beaucoup, avec une magnifique scène hommage à Suspiria de Dario Argento, mais toujours utilisé de manière intelligente et qui ne tombe jamais dans l'excès. Mention spéciale au casting, où chaque fille, parfois un peu stéréotypée certes (la tête-brûlée, l'intello, etc...), est incarnée par une actrice qui se donne à fond.

A vouloir maintenir l'action dans l'obscurité, le film est parfois un peu trop sombre, mais compte-tenu du niveau du trouillomêtre, on va dire que ça ne dérange pas. La présence d'une caméra-vidéo apportée par l'une des filles de l'équipe permet la traditionnelle scène en nightshot (élémentaire, mon cher Watson, que serait un film d'horreur moderne sans une scène en nightshot ?), mais celle-ci ne dure pas trop longtemps pour devenir trop stéréotypée, et elle sert le propos avec justesse.

Seul gros bémol, la fin française pue des fesses tellement elle tombe comme un cheveu sur la soupe (faudrait savoir ce que vous voulez les gens...) et elle donne l'impression d'un manque total d'idée pour finir le film.

En bref, un bon film d'horreur, efficace, simple dans son scénario mais pas simpliste, parfois prévisible mais jamais ennuyeux, qui joue sur les codes du genre sans jamais tomber dans le cliché. The Descent atteint son objectif : vous faire passer une bonne soirée de flippe.




Samedi 26 mars 2011 à 19:34



Tron l'héritage (Tron Legacy)
Sorti au cinéma le 9 février 2011.
De Joseph Kosinski.
Avec Jeff Bridges, Garrett Hedlund...
Tous publics.




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Disney restera toujours Disney quoi qu'on en dise. Tron Legacy est un petit bijou visuel, mais le scénario et les personnages sont d'une telle platitude qu'on finirait par bailler d'ennui. C'est pourtant bien dommage, parce qu'il y avait matière à faire quelque chose de plus "profond", peut-être en donnant aux personnages un fond émotionnel un peu plus construit, parce que là... On s'approche des "tétards prépubères" du cinéma à propos desquels Yannick Dahan se désole. Une fois passée la belle gueule (et les abdos) de Garrett Hedlund, notre héros a autant de charisme et de personnalité qu'un plat de nouilles. Quand à Jeff Bridges, je m'attendais tellement à mieux de sa part... Surtout qu'il incarne quand même le concepteur génial attendu comme le messie par tous les geeks du monde quoi ! Résultat des courses, la scène où il retrouve son fils est pliée en deux minutes, la fin ne nous arrache pas la moindre émotion non plus... Bref.

Un scénario qui passe sur les aspects fondamentaux de l'univers fantasmagorique de TRON, pour se focaliser sur l'action bidon des personnages qui tentent de s'en échapper, des combats complètement mous du genou (sans déconner, avec des moyens pareils, faire semblant de se taper dessus avec des mini-épées laser, c'est de l'hérésie) et nullement impressionnants, le seul charme de Tron Legacy relève d'une ou deux scènes de combat en moto ou en vaisseau, et d'une musique composée par les Daft Punk, la seule à donner un peu d'énergie à ce film. Les personnages secondaires n'ont pas le moindre charme, l'action progresse de manière totalement incohérente (sans déconner, le robot-bimbo-blonde qui tombe du ciel et l'autre timbré aux deux noms, insupportable par ailleurs avec sa voix merdique, vous y avez cru vous ?). Je veux bien croire à la suspension of disbelief, qui fait que ce qui paraît improbable devient possible au cinéma, mais trop, c'est trop.

Inutile de s'éterniser sur un film qui dure quand même deux heures (!!!) et qui ne provoque rien d'autre chez le spectateur qu'un sentiment de frustration. Alors oui, certes, certaines scènes sont visuellement intéressantes, les geeks y retrouveront avec nostalgie une partie de leur univers, mais le film reste quand même d'une platitude quasi absolue. Dommage.


Mercredi 23 mars 2011 à 17:17

 










Pearl Harbor
Sorti au cinéma le 6 juin 2001, disponible en DVD et blu-ray.
De Michael Bay.
Avec Ben Affleck, Josh Hartnett, Kate Beckinsale...
Tous publics avec avertissement.


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Pearl Harbor fait partie de ces films devenus "classiques" qui donnent au cinéma américain la réputation d'être un peu trop "américain" justement. En même temps, le film parle d'un traumatisme, parce que c'en est un (imaginez un peu comment a pu se sentir la plus puissante armée du monde après une telle dérouillée), typiquement américain. Le film est en fait la petite histoire dans la grande, puisqu'il choisit d'axer son scénario autour d'un triangle amoureux : deux pilotes de chasse, et une infirmière, tous trois basés à Hawaï, à Pearl Harbor. Pendant que nos trois personnages sont aux prises avec leurs sentiments, les Japonais se préparent à frapper Pearl Harbor par surprise, tandis que les USA hésitent encore à rentrer en guerre en Europe.

En termes de reconstitution historique, on ne peut pas reprocher grand chose à Pearl Harbor, car les décors sont superbes, et la scène d'attaque des Japonais digne des plus grands films de guerre. Le réalisateur s'applique à montrer la tension grandissante entre les différentes forces (les Britanniques qui se doutent plus que sérieusement d'une attaque des Japonais sur les USA, les USA qui sont tiraillés entre envoyer plus de renforts aux Anglais et assurer la défense du Pacifique, et les Japonais qui préparent leur invasion), qui rend le suspense assez intéressant pour le spectateur qui sait d'avance ce que Pearl Harbor a représenté dans la Seconde Guerre Mondiale. La qualité visuelle du film est tout à fait satisfaisante, certains plans notamment en avion sont de toute beauté, et les scènes de combats aériens sont vraiment très bien filmées. Sur le plan de l'interprétation, mention spéciale à Josh Hartnett que j'ai trouvé réellement émouvant dans ce film, et qui ne sombre pas dans la caricature comme le personnage de Kate Beckinsale le fait parfois. Jon Voight dans le rôle de Roosevelt est tout à fait à sa place et donne à ce second rôle une image très proche de ce qu'on se représentait être ce président américain.
Du reste, l'excellente bande-sonore composée par Hans Zimmer donne une profondeur au film et y est pour beaucoup dans les séquences d'émotions.

La grosse faiblesse du film réside dans sa capacité à jouer trop souvent sur le pathos, qui, certes, parvient à faire pleurer dans les chaumières, mais qui confère au film une dimension trop pro-américaine puritaine pour être salué.
Malgré les clichés du film américain qui reviennent trop souvent, la franchise des émotions que cherche à transmettre Michael Bay atteint son but. Le grand spectacle est donc au rendez-vous et Bay fait pendant la demie-heure du raid japonais toute la démonstration de son talent à mettre en scène les films d'action, même si celui-ci est déjà beaucoup plus mal à l'aise pour filmer les déboires sentimentaux de nos héros. En fin de compte, c'est la force et la hargne que met le réalisateur à nous dépeindre la froideur de la guerre et la lâcheté de cette attaque qui donnent sa force à Pearl Harbor. Le discours sur images de cargos éventrés et de cadavres flottants, sur l'Amérique se relevant de ses cendres et devenant victorieuse après avoir été une victime, ne fait pas sombrer le film uniquement parce que l'hallucinante scène d'action juste auparavant donne une telle dimension tragique au film que l'hyperbole passe toute seule.

On est loin de la scène de débarquement du film de Spielberg Il faut sauver le soldat Ryan, mais Pearl Harbor reste un bon film dans l'ensemble, malgré de gros défauts et un discours trop américanisé et américanisant. Mais à condition de savoir prendre du recul par rapport à cet évènement qui a tout de même coûté la vie à de nombreux jeunes américains, on peut prendre un pied considérable devant ce film !




Et si vous ne voyez pas de quoi je parle quand je vous dis que la musique y est pour beaucoup pour nous faire utiliser les paquets de mouchoirs dix par dix, voici un petit extrait qui vous donnera une idée de ce que je veux dire...




Mardi 22 mars 2011 à 10:59


  Lire cet article en écoutant le sublime morceau ultra-connu "It's a long road" tiré du premier film.








John Rambo (Rambo)
Sorti au cinéma le 6 février 2008, disponible en DVD et blu-ray.
De Sylvester Stallone.
Avec Sylvester Stallone, Julie Benz, Paul Schulze...
Interdit aux moins de 12 ans.


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Puisqu'on y est. Période Stallone on. Donc forcément, quand je suis tombée sur le DVD de John Rambo à Odyssée, fauchée ou pas, il FALLAIT que je l'achète. C'est un investissement sur le long terme, je vous assure. Si vous ne l'avez pas dans votre DVDthèque, comme tous les autres d'ailleurs, achetez-le, franchement, achetez-le.

Par où commencer ?
Peut-être en disant que Stallone signe un film on ne peut plus attendu par les fans du genre, après une série de films qui avaient ralenti sa carrière. John Rambo, juste après Rocky Balboa, est un film qui reprend les codes des précédents, mais en fait une oeuvre plus mature, plus sombre aussi, dans sa mise en scène. On peut même dire qu'il s'agit d'un véritable "revival" d'un héros aussi sujet à polémique que celui qui l'incarne. Malgré une violence extrême, bien que fascinante, l'émotion l'emporte finalement. Parce que comme le dirait Yannick Dahan (et on ne peut mieux le dire) "John Rambo n'est pas une oeuvre barbare, mais une oeuvre témoin de la barbarie". En effet, Stallone, loin des controverses que les premiers films ont pu suscité à l'époque d'une politique américaine visant à limiter les scandales autour du Vietnam, rend son film profondément humaniste, sans pour autant le noyer dans une réflexion pro-catholique. Non, malgré le fait que nos volontaires pour des missions humanitaires soient membres d'une Eglise, jamais le personnage de Rambo ne prend fait et cause au nom d'une morale religieuse, mais davantage pour lui-même, sorte de rédemption sans ambition croyante.
Cela se ressent forcément au niveau de la mise en scène, sombre, privilégiant un décor de chaos au coeur d'une forêt vierge, désormais souillée, car l'action se situe dans les forêts birmanes, théâtre sanglant de la guerre civile. Ce contraste entre un lieu millénaire et paisible, et la violence et le dynamisme des scènes de massacre rend le spectateur forcément très mal à l'aise. Finalement, John Rambo devient un véritable plaidoyer contre la guerre, mettant en avant son absurdité, et toute son horreur, sans jamais idéaliser son personnage.
John, torturé, prisonnier d'un passé traumatisant, n'est pas aussi caricatural que certaines critiques l'ont affirmé à la sortie du film. Laconique, violent, et blasé, Rambo ne fait que montrer ses faiblesses par sa force. Toutefois, les scènes finales démontrent à quel point la réflexion de Stallone sur le traumatisme d'un homme qui a perdu sa foi en l'homme après avoir connu la guerre du Vietnam (et il n'en va pas autrement dans des oeuvres bien plus plébiscitées comme Full Metal Jacket ou Voyage au bout de l'Enfer, et encore Apocalypse Now) va au-delà du simple échantillon nécessaire à faire passer la pilule auprès des critiques qui jugeront toute cette violence inutile. Sylvester Stallone hisse son film au rang de véritable film de guerre dans lequel le personnage principal s'assume entièrement comme guerrier, sans pour autant tomber dans la complaisance, dans un monde qui ne laisse pas le choix à un homme comme lui. Pas de triomphe glorieux final, mais une victoire nuancée, et un échec amer qu'il faut reconnaître de l'incapacité flagrante de l'humanité à vivre rassemblée.
La musique, reprenant les thèmes chers à tous les fans, souligne avec une force certaine des séquences poignantes d'émotion, ou donne un punch incroyable aux scènes d'action.

Rambo est bel et bien un héros et il est mis en scène comme tel, au moyen de contreplongées par exemple, mais un héros perdu au début du film, perdu dans son passé notamment. On ne peut d'ailleurs qu'être impressionné par l'hallucinante scène de cauchemar/flashback dans la première moitié du film, dont les images subliminales nous rappellent que loin d'être un héros, John est avant tout une victime abandonnée par un pays qui n'a jamais voulu reconnaître l'horreur dans laquelle ont été plongé les jeunes Américains au Vietnam.

Une oeuvre loin des clichés pro-américains ou pro-catholiques donc, mais un film humain et humaniste qui fait ressortir toute l'horreur d'un monde où les êtres n'ont pas d'autre choix que se battre pour leur survie ou la survie des leurs, et non une apologie de la loi du talion. Stallone, loin de la caricature que l'on tente de faire de lui, est définitivement propulsé au rang de cinéaste classique par ses derniers films.


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Pour terminer sur une note un peu plus réjouissante, une citation de Yannick Dahan : "John Rambo c'est de la balle, de la balle COSMIQUE !". Et comme toujours, il a bien raison.


Bande-annonce de malade pour film de malade.


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