Pearl Harbor
Sorti au cinéma le 6 juin 2001, disponible en DVD et blu-ray.
De Michael Bay.
Avec Ben Affleck, Josh Hartnett, Kate Beckinsale...
Tous publics avec avertissement.


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Pearl Harbor fait partie de ces films devenus "classiques" qui donnent au cinéma américain la réputation d'être un peu trop "américain" justement. En même temps, le film parle d'un traumatisme, parce que c'en est un (imaginez un peu comment a pu se sentir la plus puissante armée du monde après une telle dérouillée), typiquement américain. Le film est en fait la petite histoire dans la grande, puisqu'il choisit d'axer son scénario autour d'un triangle amoureux : deux pilotes de chasse, et une infirmière, tous trois basés à Hawaï, à Pearl Harbor. Pendant que nos trois personnages sont aux prises avec leurs sentiments, les Japonais se préparent à frapper Pearl Harbor par surprise, tandis que les USA hésitent encore à rentrer en guerre en Europe.

En termes de reconstitution historique, on ne peut pas reprocher grand chose à Pearl Harbor, car les décors sont superbes, et la scène d'attaque des Japonais digne des plus grands films de guerre. Le réalisateur s'applique à montrer la tension grandissante entre les différentes forces (les Britanniques qui se doutent plus que sérieusement d'une attaque des Japonais sur les USA, les USA qui sont tiraillés entre envoyer plus de renforts aux Anglais et assurer la défense du Pacifique, et les Japonais qui préparent leur invasion), qui rend le suspense assez intéressant pour le spectateur qui sait d'avance ce que Pearl Harbor a représenté dans la Seconde Guerre Mondiale. La qualité visuelle du film est tout à fait satisfaisante, certains plans notamment en avion sont de toute beauté, et les scènes de combats aériens sont vraiment très bien filmées. Sur le plan de l'interprétation, mention spéciale à Josh Hartnett que j'ai trouvé réellement émouvant dans ce film, et qui ne sombre pas dans la caricature comme le personnage de Kate Beckinsale le fait parfois. Jon Voight dans le rôle de Roosevelt est tout à fait à sa place et donne à ce second rôle une image très proche de ce qu'on se représentait être ce président américain.
Du reste, l'excellente bande-sonore composée par Hans Zimmer donne une profondeur au film et y est pour beaucoup dans les séquences d'émotions.

La grosse faiblesse du film réside dans sa capacité à jouer trop souvent sur le pathos, qui, certes, parvient à faire pleurer dans les chaumières, mais qui confère au film une dimension trop pro-américaine puritaine pour être salué.
Malgré les clichés du film américain qui reviennent trop souvent, la franchise des émotions que cherche à transmettre Michael Bay atteint son but. Le grand spectacle est donc au rendez-vous et Bay fait pendant la demie-heure du raid japonais toute la démonstration de son talent à mettre en scène les films d'action, même si celui-ci est déjà beaucoup plus mal à l'aise pour filmer les déboires sentimentaux de nos héros. En fin de compte, c'est la force et la hargne que met le réalisateur à nous dépeindre la froideur de la guerre et la lâcheté de cette attaque qui donnent sa force à Pearl Harbor. Le discours sur images de cargos éventrés et de cadavres flottants, sur l'Amérique se relevant de ses cendres et devenant victorieuse après avoir été une victime, ne fait pas sombrer le film uniquement parce que l'hallucinante scène d'action juste auparavant donne une telle dimension tragique au film que l'hyperbole passe toute seule.

On est loin de la scène de débarquement du film de Spielberg Il faut sauver le soldat Ryan, mais Pearl Harbor reste un bon film dans l'ensemble, malgré de gros défauts et un discours trop américanisé et américanisant. Mais à condition de savoir prendre du recul par rapport à cet évènement qui a tout de même coûté la vie à de nombreux jeunes américains, on peut prendre un pied considérable devant ce film !




Et si vous ne voyez pas de quoi je parle quand je vous dis que la musique y est pour beaucoup pour nous faire utiliser les paquets de mouchoirs dix par dix, voici un petit extrait qui vous donnera une idée de ce que je veux dire...