stray-bullets

Blam, Bang, Boom !

Jeudi 27 janvier 2011 à 11:45


Canine (Kynodontas)
Sorti au cinéma le 2 décembre 2009, disponible en DVD.
De Yorgos Lanthimos.
Avec Christos Sergioglou, Michele Valley...
Interdit aux - 12 ans.

http://stray-bullets.cowblog.fr/images/photocanineaffichefilmyorgoslanthimosfilms7.jpg


On a du mal à se retenir de s'arracher les cheveux, la peau, et même le cerveau quand on voit que Canine a remporté le Prix Un Certain Regard à Cannes. Moi, ça me donne des envies de meurtres. 

Alors oui, le film part d'une bonne intention, et même mieux : une bonne idée, à savoir l'histoire d'une famille dans laquelle les trois enfants n'ont jamais mis les pieds hors de leur jardin, conservés dans la peur de l'extérieur, éduqués comme on le ferait de chiens, à qui on enseigne qu'un zombie est une petite fleur jaune, et un chat une créature féroce. Si on s'arrête à ce simple élément, le film peut paraître très intéressant, mais hélas, le traitement qui en est fait est à mourir d'ennui, et manque cruellement d'originalité, et d'un minimum d'action.
Personnellement, avec un tel "plot" de départ, je m'étais imaginé que l'intrigue allait tourner autour de la chute progressive du système éducatif des parents, et la rébellion des enfants. Il s'avère que c'est à peine évoqué, que les scènes, d'une lenteur abominable, s'enchaînent sur des raccords absolument pourris sur des toits d'usine, et on a finalement l'impression que le réalisateur n'a pas su quoi faire de son sujet, et, à défaut d'idée pour faire progresser son film, il préfère accumuler des scènes à caractère pornographique, d'une crudité effroyable, et d'un goût certain, car filmé avec une complaisance douteuse : ces scènes, qui vont jusqu'à présenter l'inceste le plus total, au lieu d'être filmées avec pudeur et discrétion, vont carrément jusqu'à nous faire assister à absolument tout, ce qui confère la sensation désagréable que le réalisateur cherche à tout prix à dissimuler son manque total d'originalité et d'idées pour faire avancer l'intrigue. Car, en effet, on peut lui reconnaître un talent certain pour choquer ses spectateurs, ce qui était sans doute le but du film, mais à mes yeux pas de la bonne manière. 

Malheureusement, en dehors de ces scènes de sexe, le film ne présente rien qui ne fasse avancer l'action. Les 15 premières minutes nous situent parfaitement la situation, l'éducation biaisée reçue par les enfants, etc... Seulement tout le film n'est qu'une longue alternance de scènes pornographiques et de "tranches de vie" (si vie il y a...), qui sont un long, très long, développement de ce qui aurait pu être simplement montré dans l'exposition du film.

L'innocence fausse des enfants, qui aurait pu être un thème poussant l'intrigue plus avant dans le film, est ainsi enfouie sous des démonstrations par dizaines de leur ignorance, répétitives, et franchement ennuyeuse dans le traitement. On a l'impression en écoutant les personnages parler d'écouter du mauvais Duras, et même si leur langage, dénudé de tout sens agressif, souvent similaire à celui de très jeunes enfants, a le bon goût de nous rappeler le Newspeak du roman d'Orwell, finalement, on s'ennuie rapidement de voir revenir en permanence les mêmes éléments naïfs de conversation, et en réalité, on s'aperçoit que le film tourne en rond.

Avec les prémices d'une rébellion de la part d'une des jeunes filles, au bout d'une heure quinze de film, (qui dure, pour info, 1h36), on se dit que enfin, enfin, les choses vont devenir intéressantes, si, bien entendu, on a eu le courage de regarder jusque là, et ce n'était pas gagné ! Malheureusement, et comme dans la plupart de ces films qui vous sous-tendent une réflexion qui finalement n'arrivera pas au bout de son propos, on se retrouve avec un mauvais cut au noir comme seule satisfaction. 

Le réalisateur, malgré une bonne idée originale, ne pousse pas la réflexion jusqu'à son point d'orgue. Il suggère, à certains moments, la déviance d'une société de consommation qui évoque sans tabous la violence et le sexe, mais on ne bâtit pas un film uniquement sur des éléments qui ne font que se répéter, ne surprennent donc jamais, et sont entrecoupées de scènes pornographiques complaisantes.

L'esthétique n'est pas sauvable non plus : aucune originalité de cadrage, mais des plans longs, vides, aussi jolis à regarder que le film de vacances de votre grand-père tourné avec un appareil photo.

Au final, on se retrouve avec un film long, ennuyeux, qui malgré des thèmes qui pourraient poser les bases d'une vraie réflexion, ne parvient pas à atteindre un spectateur blasé de tant de répétitions dans le propos, sans compter qu'il n'a pas payé sa place ou son DVD pour se voir offrir des scènes de cul qu'on trouve gratuitement sur Youporn. On peut se contenter de lire le synopsis, et se donner la peine de réfléchir par soi-même ensuite, on a tout à y gagner.

Aucun commentaire n'a encore été ajouté !
 

Counter-attack !









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://stray-bullets.cowblog.fr/trackback/3081797

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast