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Blam, Bang, Boom !

Lundi 14 février 2011 à 19:12



Black Swan
Sorti au cinéma le 09 février 2011.
De Darren Aronofsky.
Avec Natalie Portman, Vincent Cassel, Mila Kunis...
Avertissement jeunes spectateurs.


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Nominé 5 fois aux Oscars, la performance de Natalie Portman récompensée aux Golden Globes, la promotion énorme, on peut dire que Black Swan était attendu au tournant, tant par la critique que par le public, familier ou non des films de Darren Aronofsky, souvent particuliers et détonnants compte-tenu de l'actuelle politique de non-prise de risque des producteurs majeurs. Mais depuis Requiem for a Dream, Aronofsky est devenu "bankable", et pour Black Swan, il se paye le luxe de faire tourner la sublime Natalie Portman, qui change en or tout ce qu'elle touche depuis quelques années, et le frenchy Vincent Cassel (et on peut applaudir sa performance en langue étrangère - sans ironie). Fort de ses deux têtes d'affiches, Black Swan ancre son scénario dans le milieu du ballet, et présente de multiples dimensions : celle, documentaire, de l'institution de la danse classique, du travail harassant des danseurs et des danseuses et de leur dévouement sans limite - "Blood, pain, sweat and tears" comme l'a qualifié le réalisateur - pour obtenir la perfection ultime, le seul moment d'accomplissement par ailleurs, c'est-à-dire le ballet lui-même. Car si tout n'est que beauté sur scène, les coulisses sont le lieu des doutes, des sacrifices, de la douleur. Et Black Swan présente sans complaisance ni clichés les deux aspects.
    
    Le thème du double est évidemment au centre du film, tant au niveau du scénario qu'à celui de la mise en scène. Le ballet choisi, tout d'abord, Le Lac des Cygnes, n'est pas choisi par hasard, puisqu'il s'agit de présenter la tension entre le cygne blanc et son double maléfique, le cygne noir. Le personnage principal, Nina Sayers, doit interpréter les deux cygnes, mais, pure, tranquille, infantilisée par sa mère, elle n'a pas l'envergure du cygne noir, et va donc descendre dans ses propres enfers pour chercher au fond d'elle-même la violence et la perversité, afin de devenir le double d'elle-même. Miroirs, jeu de reflets et apparitions, Aronofsky nous entraîne à la suite du personnage dans cette descente, de plus en plus angoissante, et nous fait le témoin de sa métamorphose. La folie du personnage, ses hallucinations, devient de plus en plus évidente avec le temps, mais également plus fascinante. La fascination et la peur sont des thèmes fondamentaux avec lesquels joue le réalisateur : fascination et peur des spectateurs pour les personnages, mais également de Nina pour le personnage interprété par Mila Kunis, qui l'attire par sa sensualité, qui semble ne pas avoir de carcan, mais qui lui inspire également de la crainte, et de la haine, du fait du rapprochement de l'histoire du ballet et du film, à savoir le cygne blanc trahi par son double maléfique qui lui vole son amour, le poussant à l'auto-destruction. La mise en scène constitue l'écho parfait de ce que le film dit par son scénario, mettant en avant les reflets, parfois à l'infini de ces danseurs toujours concentrés sur leur image, en quête de perfection, mais aussi les apparitions des personnages, leurs hallucinations, leurs illusions, la métamorphose de ces derniers - à la limite du fantastique.

    Le résultat esthétique est à couper le souffle. Le recours à la caméra portée nous permet de nous immiscer au plus près des personnages, sur scène comme en dehors, créant dynamisme et mouvement. Peu de plans d'ensemble de la chorégraphie donc, Aronofsky ayant clairement affiché son intention de placer le spectateur au plus près, lui offrant un regard nouveau sur le monde du ballet, un regard que n'a que le danseur ou le chorégraphe, tandis que le spectateur, connaisseur ou novice, se contente d'apprécier un ensemble, un résultat, un tout, tandis que le danseur s'est sacrifié pendant des mois pour arriver à cette apparente perfection. Le recours au hors-champ est essentiel, tout comme au son, qui y est pour beaucoup dans la création de cette ambiance angoissante.

    Enfin, saluons la performance tout simplement hallucinante de Natalie Portman, métamorphosée dans ce film, qui parvient à donner l'illusion d'être une danseuse depuis des années après seulement un an d'entraînement intensif, ammaigrie, mais toujours sublime, qui mérite à plus d'un titre ses récompenses.

Black Swan est un film qui marquera les esprits durablement. Aronofsky signe peut-être là son film le plus abouti, le plus mature : il confirme tout son talent de metteur en scène, original et inventif. A voir et revoir absolument : la claque incontestable de ce début d'année.

Par Demoiselle-Coquelicote le Dimanche 27 mars 2011 à 14:42
J'adhère, et pourtant je ne suis vraiment pas une admiratrice du réalisateur (que je n'aime vraiment pas excepté pour cette petite merveille) ni de Nathalie Portman (sauf dans Léon que j'adore), ni de Vincent Cassel, bien que je n'ai rien à leur reprocher de particulier à ces acteurs, sauf que... bah ils ne me plaisent pas plus que ça ^^
 

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